111 - Du bois dont on fait les pipes by Dard Frédéric

111 - Du bois dont on fait les pipes by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio, San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091887
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1982-11-10T23:00:00+00:00


1- Je sais bien qu’on ne s’excuse pas, mais qu’on prie quelqu’un de vous excuser, seulement quand t’écris en bon français les lecteurs débandent.

San-A.

De la lumière brille à la fenêtre de ma Félicie lorsque je regagne mon terrier, sur le coup de trois plombes, harassé, la bouche mauvaise, le cœur comme un champignon déshydraté. J’ai mille besoins d’une douche, d’une ou deux heures de pionce et d’un cassegraine revigoreur.

J’ai beau m’annoncer à la furtive, arquant sur la pointe des nougats, t’empêcheras jamais m’man d’apparaître au sommet de l’escadrin sitôt que j’ai refermé la porte.

— Du nouveau ? chuchote-t-elle.

— Machin a encore téléphoné, j’ai entendu Toinet. Ils paraissent avoir fait copain-copain tous les deux. Mon fou déclare que ses fantasmes ont changé d’objet.

J’éteins le vestibule pour la rejoindre sur le palier du premier.

— Marie-Marie est repartie ?

— Non, elle dort… dans la chambre d’Antoine. Elle n’a accepté d’aller s’étendre que depuis une heure environ, c’est une excellente petite, si tendre, si intelligente…

Bon, les arrière-pensées de ma vieille chérie lui radinent au galop malgré la situation pourrie. Elle donnerait sa vie, Félicie, pour que j’épouse la Musaraigne un jour prochain. Ce serait, à ses yeux, un happy end de rêve.

On est là, face à face, dans le silence de la maison, à se regarder sans trop se voir. Alors, je la prends dans mes bras, contre moi, fort. Je donne des baisers sur sa tempe, à travers ses cheveux gris qui sentent l’eau de Cologne.

— Mon amour de mère, lui chuchoté-je, il ne faut pas paniquer, je te jure que je retrouverai le môme et qu’il sera en bon état. Il n’est pas passif, tu comprends, mais boute-en-train. Aux dires de Formide, c’est même lui qui commande l’équipée. Sa forte personnalité fait échec à celle tourmentée du dingue. Machin (tiens, voilà que je me mets à le surnommer ainsi, le Bruno) – est un pauvre bonhomme dominé par des pulsions d’origine sexuelle. Ancien pédagogue, il était troublé par ses élèves, mais sa morale se rebellait ; au lieu de les tripoter, comme le font certains détraqués, il ressentait le besoin de les détruire.

— Quelle horreur ! balbutie ma mère.

— Les hommes ne sont que des hommes pour l’homme, maman.

Je lui refile un ultime bisou et je pénètre dans ma chambre. Mon lit est prêt, si accueillant, si net ! J’arrache mes godasses, jette mon veston sur une chaise pour me laisser choir, bras en croix. Mon mal de bide ne m’a toujours pas quitté. Est-ce que je couverais une vacherie quelconque ? Ça doit bien commencer d’une certaine façon, les trucs graves ? Les salopiades qui finissent par t’emporter, elles s’amènent en feinte innocente : grippe, indigestion, coup de froid. Et puis la déconne s’y met et un jour ça devient sans appel.

Je biberonne quelques verres d’eau. L’eau, toujours l’eau. Notre amie à tous. On ne le sait pas suffisamment. Je me rappelle un vieux toubib poivrot ; il m’exhortait. « Buvez de l’eau, petit : des trombes, quotidiennement, et vous vous porterez bien.



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